Paul Eluard - Je ne suis pas seul
Publié le : 26/02/2025
Chargée
De fruits légers aux lèvres
Parée
De mille fleurs variées
Glorieuse
Dans les bras du soleil
Heureuse
D'un oiseau familier
Ravie
D'une goutte de pluie
Plus belle
Que le ciel du matin
Fidèle
Je parle d'un jardin
Je rêve
Mais j'aime justement
Poés'IA - Les poètes français
Publié le : 22/02/2025
Qui sont tous ces poètes, amis ou ennemis,
Sur cette chaîne française qu'on trouve réunis ?
Ils sont d'un autre siècle, d'un autre paysage,
Ils sont notre trésor, un vibrant héritage.
Ce sont de grandes voix, qu'on ne saurait faire taire,
Sortis des salles de classe, orgueilleusement fiers,
Ils sont les évadés d'un temps qui les vit naître,
Enfants de la poussière, ils s'en sont rendus maîtres.
Hugo, l'âme puissante aux accents souverains,
Déploie des univers d'un mouvement serein.
Son verbe est un tonnerre ébranlant les murailles,
Illuminant le monde à l'éclair des batailles.
Baudelaire, noir prophète, aux fleurs mystérieuses,
Tisse un monde de rêve, aux volutes précieuses.
Son chant, tel un encens, aux parfums capiteux,
Enivre l’âme humaine, la plonge loin des cieux.
Déborde-Valmore, douce, au murmure attendri,
Verse un nectar d'amour sur les cœurs affaiblis.
Sa plume est un rayon caressant la détresse,
Apportant la chaleur d'une tendre caresse.
Vigny, noble esprit, aux pensées immortelles,
Grave le marbre froid de ses rimes fidèles.
Ses vers, tels des rochers battus par l'océan,
Résonnent comme un glas au souffle du néant.
Rimbaud, Verlaine, Apollinaire chantent encore,
Dans ces clips où l'IA prolonge leur effort.
La musique les porte en un souffle nouveau,
Unissant tous leurs vers dans un sublime écho.
Les poètes d’hier poursuivent leur chemin,
Dans le monde digital, ils seront là demain.
N’en déplaise aux grognons qui voulaient les figer,
Ils se sont échappés d’un monde de papier.
Paul Eluard - La terre est bleue comme une orange - 1929
Publié le : 08/02/2025
La terre est bleue comme une orange
Jamais une erreur les mots ne mentent pas
Ils ne vous donnent plus à chanter
Au tour des baisers de s'entendre
Les fous et les amours
Elle sa bouche d'alliance
Tous les secrets tous les sourires
Et quels vêtements d'indulgence
À la croire toute nue.
Les guêpes fleurissent vert
L'aube se passe autour du cou
Un collier de fenêtres
Des ailes couvrent les feuilles
Tu as toutes les joies solaires
Tout le soleil sur la terre
Sur les chemins de ta beauté.
Victor Hugo - Les enfants pauvres
Publié le : 31/01/2025
Prenez garde à ce petit être ;
Il est bien grand, il contient Dieu.
Les enfants sont, avant de naître,
Des lumières dans le ciel bleu.
Dieu nous les offre en sa largesse ;
Ils viennent ; Dieu nous en fait don ;
Dans leur rire il met sa sagesse
Et dans leur baiser son pardon.
Leur douce clarté nous effleure.
Hélas, le bonheur est leur droit.
S'ils ont faim, le paradis pleure.
Et le ciel tremble, s'ils ont froid.
La misère de l'innocence
Accuse l'homme vicieux.
L'homme tient l'ange en sa puissance.
Oh ! quel tonnerre au fond des cieux,
Quand Dieu, cherchant ces êtres frêles
Que dans l'ombre où nous sommeillons
Il nous envoie avec des ailes,
Les retrouve avec des haillons !
Arthur Rimbaud - Roman : On n'est pas sérieux quand on a 17 ans
Publié le : 24/01/2025
I
On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
- Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
- On va sous les tilleuls verts de la promenade.
Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits - la ville n'est pas loin -
A des parfums de vigne et des parfums de bière...
II
- Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffon
D'azur sombre, encadré d'une petite branche,
Piqué d'une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche...
Nuit de juin ! Dix-sept ans ! - On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête...
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête...
III
Le coeur fou robinsonne à travers les romans,
- Lorsque, dans la clarté d'un pâle réverbère,
Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
Sous l'ombre du faux col effrayant de son père...
Et, comme elle vous trouve immensément naïf,
Tout en faisant trotter ses petites bottines,
Elle se tourne, alerte et d'un mouvement vif...
- Sur vos lèvres alors meurent les cavatines...
IV
Vous êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août.
Vous êtes amoureux. - Vos sonnets La font rire.
Tous vos amis s'en vont, vous êtes mauvais goût.
- Puis l'adorée, un soir, a daigné vous écrire !...
- Ce soir-là..., - vous rentrez aux cafés éclatants,
Vous demandez des bocks ou de la limonade...
- On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade.
Charles Baudelaire - Les Chats
Publié le : 12/01/2025
Les amoureux fervents et les savants austèresAiment également, dans leur mûre saison,Les chats puissants et doux, orgueil de la maison,Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires.
Amis de la science et de la volupté,Ils cherchent le silence et l’horreur des ténèbres ;L’Erèbe les eût pris pour ses coursiers funèbres,S’ils pouvaient au servage incliner leur fierté.
Ils prennent en songeant les nobles attitudesDes grands sphinx allongés au fond des solitudes,Qui semblent s’endormir dans un rêve sans fin ;
Leurs reins féconds sont pleins d’étincelles magiques,Et des parcelles d’or, ainsi qu’un sable fin,Etoilent vaguement leurs prunelles mystiques.
Poés'IA - L'Ardeur
Publié le : 05/01/2025
Rire ou pleurer, mais que le cœur
Soit plein de parfums comme un vase,
Et contienne avec la douleur
L’extase !
Que l’âme, en un divin effort,
S’exalte, s’éprenne et s’élance,
Et que la vie ait le transport
Intense !
Que le désir soit infini,
Que l’art soit une longue fièvre,
Et que le rêve soit puni
Sans trêve !
Que le sang palpite et soit chaud,
Que l’amour soit grand et superbe,
Et que le vent qui passe au chaume
Dans l’herbe,
Emporte, en un baiser brûlant,
L’âme des roses entrouvertes,
Et que l’on sente en le foulant
La terre !
(Les deux premiers vers sont d'Anna de Noailles,
Le reste est une création originale).
Guy de Maupassant - Nuit de neige
Publié le : 01/01/2025
La grande plaine est blanche, immobile et sans voix.
Pas un bruit, pas un son ; toute vie est éteinte.
Mais on entend parfois, comme une morne plainte,
Quelque chien sans abri qui hurle au coin d’un bois.
Plus de chansons dans l’air, sous nos pieds plus de chaumes.
L’hiver s’est abattu sur toute floraison ;
Des arbres dépouillés dressent à l’horizon
Leurs squelettes blanchis ainsi que des fantômes.
La lune est large et pâle et semble se hâter.
On dirait qu’elle a froid dans le grand ciel austère.
De son morne regard elle parcourt la terre,
Et, voyant tout désert, s’empresse à nous quitter.
Et froids tombent sur nous les rayons qu’elle darde,
Fantastiques lueurs qu’elle s’en va semant ;
Et la neige s’éclaire au loin, sinistrement,
Aux étranges reflets de la clarté blafarde.
Oh ! la terrible nuit pour les petits oiseaux !
Un vent glacé frissonne et court par les allées ;
Eux, n’ayant plus l’asile ombragé des berceaux,
Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées.
Dans les grands arbres nus que couvre le verglas
Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège ;
De leur oeil inquiet ils regardent la neige,
Attendant jusqu’au jour la nuit qui ne vient pas.
Guy de Maupassant, Des vers
Stéphane Mallarmé - Brise Marine - 1865
Publié le : 28/12/2024
La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres.
Fuir ! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D’être parmi l’écume inconnue et les cieux !
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe
Ô nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai ! Steamer balançant ta mâture,
Lève l’ancre pour une exotique nature !
Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l’adieu suprême des mouchoirs !
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages,
Sont-ils de ceux qu’un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots …
Mais, ô mon cœur, entends le chant des matelots !
Charles Baudelaire - L'homme et la mer
Publié le : 26/12/2024
Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l’embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n’a sondé le fond de tes abîmes ;
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !
Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !