Arthur Rimbaud - Sensation
Publié le : 01/04/2024
Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, – heureux comme avec une femme.
Francois Villon - La ballade des pendus
Publié le : 29/03/2024
Frères humains, qui après nous vivez,
N’ayez les cœurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s’en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Se frères vous clamons, pas n’en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n’ont pas bon sens rassis.
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l’infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
La pluie nous a bués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d’oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu’Enfer n’ait de nous seigneurie :
A lui n’ayons que faire ne que soudre.
Hommes, ici n’a point de moquerie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Charles Baudelaire - L'Albatros, extrait des Fleurs du mal.
Publié le : 13/03/2024
Le célèbre poèmes de Charles Baudelaire mis en musique et en images.
Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.
Agrippa d'Aubigné - Les Tragiques - Voici la mort du ciel
Publié le : 10/03/2024
Voici la mort du ciel en l’effort douloureux
Qui lui noircit la bouche et fait saigner les yeux.
Le ciel gémit d’ahan, tous ses nerfs se retirent,
Ses poumons près à près sans relâche respirent.
Le soleil vêt de noir le bel or de ses feux,
Le bel oeil de ce monde est privé de ses yeux ;
L’âme de tant de fleurs n’est plus épanouie,
Il n’y a plus de vie au principe de vie :
Et, comme un corps humain est tout mort terrassé
Dès que du moindre coup au coeur il est blessé,
Ainsi faut que le monde et meure et se confonde
Dès la moindre blessure au soleil, coeur du monde.
La lune perd l’argent de son teint clair et blanc,
La lune tourne en haut son visage de sang ;
Toute étoile se meurt : les prophètes fidèles
Du destin vont souffrir éclipses éternelles.
Tout se cache de peur : le feu s’enfuit dans l’air,
L’air en l’eau, l’eau en terre ; au funèbre mêler
Tout beau perd sa couleur.
(...)
Savoir ce qu’on ne sait et qu’on ne peut savoir,
Ce que n’a ouï l’oreille et que l’œil n’a peu voir:
Mes sens n’ont plus de sens, l’esprit de moi s’envole,
Le cœur ravi se tait, ma bouche est sans parole:
Tout meurt, l’âme s’enfuit et, reprenant son lieu,
Extatique, se pâme au giron de son Dieu.
Marceline Desbordes-Valmore - Les Séparés, N'écris pas
Publié le : 05/02/2024
N'écris pas. Je suis triste, et je voudrais m'éteindre.
Les beaux étés sans toi, c'est la nuit sans flambeau.
J'ai refermé mes bras qui ne peuvent t'atteindre,
Et frapper à mon coeur, c'est frapper au tombeau.
N'écris pas !
N'écris pas. N'apprenons qu'à mourir à nous-mêmes.
Ne demande qu'à Dieu... qu'à toi, si je t'aimais !
Au fond de ton absence écouter que tu m'aimes,
C'est entendre le ciel sans y monter jamais.
N'écris pas !
N'écris pas. Je te crains ; j'ai peur de ma mémoire ;
Elle a gardé ta voix qui m'appelle souvent.
Ne montre pas l'eau vive à qui ne peut la boire.
Une chère écriture est un portrait vivant.
N'écris pas !
N'écris pas ces doux mots que je n'ose plus lire :
Il semble que ta voix les répand sur mon coeur ;
Que je les vois brûler à travers ton sourire ;
Il semble qu'un baiser les empreint sur mon coeur.
N'écris pas !
Poésie chantée par une intelligence artificielle.
Christine de Pizan - Seulette Suis
Publié le : 03/02/2024
Un poème de Christine de Pisan chanté par une IA
Seulette suis, et seulette veux être,
Seulette m'a mon doux ami laissée.
Seulette suis, sans compagnon ni maître,
Seulette suis, dolente et courroucée,
Seulette suis, en langueur malaisée,
Seulette suis, plus que nulle égarée,
Seulette suis, sans ami demeurée.
Seulette suis, à huis ou à fenêtre,
Seulette suis, en un anglet muciée,
Seulette suis, pour moi de pleurs repaître,
Seulette suis, dolente ou apaisée,
Seulette suis, rien qui tant messiée,
Seulette suis, en ma chambre enserrée,
Seulette suis, sans ami demeurée.
Seulette suis, partout et en tout aître,
Seulette suis, que je marche ou je siée,
Seulette suis, plus qu'autre rien terrestre,
Seulette suis, de chacun délaissée,
Seulette suis, durement abaissée,
Seulette suis, souvent toute éplorée,
Seulette suis, sans ami demeurée.
Princes, or est ma douleur commencée :
Seulette suis, de tout deuil menacée,
Seulette suis, plus teinte que morée,
Seulette suis, sans ami demeurée.
Dhérissart - L'homme qui passe - rap
Publié le : 24/01/2024
Rap Chanté par une intelligence artificielle.
A toi l'homme qui passe,
A toi l'homme qui se meurt,
Qui se fond dans la masse
et qui craint le bonheur,
Je dédie mes godasses
Et mes cris de fureur,
Tes envies de limace
Me soulèvent le coeur !
Tu marches dans la rue,
Mais tu ne veux rien voir
Et tu ne comprends plus
Quand je te dis espoir !
Serré dans ton costume
Et tes chaussures noires,
Tu luttes contre un rhume
Et un patron avare !
Et sous la même lune,
Mais veux-tu le savoir,
Des hommes s'entretuent,
Comme ça, par désespoir,
Et tu vas sous la lune
Et tu ne veux rien voir !
Et tu vas sous la lune
Et tu ne veux rien voir
Qu'un accès de douleur
Te fasse vivre encore
Car le sang qui s'écoule,
C'est la vie, c'est la mort...
Qu'un accès de douleur
Te fasse vivre encore,
Car ton sang qui s'écoule,
C'est ta vie, c'est ta mort :
Vis !
Vis !
Car tu te meurs !
_____________________________
French rap sung by an artificial intelligence.
To you, the passing man,
To you, the man who is dying,
Who blends into the crowd
and fears happiness,
I dedicate my sneakers
And my cries of fury,
Your slug-like desires
Make my heart race!
You walk down the street,
But you don't want to see anything
And you no longer understand
When I talk to you about hope!
Tightly wrapped in your suit
And your black shoes,
You fight against a cold
And a stingy boss!
And under the same moon,
But do you want to know,
Men are killing each other,
Just like that, out of despair,
And you go under the moon
And you don't want to see anything!
And you go under the moon
And you don't want to see anything
Let a surge of pain
Make you live again
For the blood that flows,
It's life, it's death...
Let a surge of pain
Make you live again,
For your blood that flows,
It's your life, it's your death:
Live!
Live!
Because you are dying!
Guillaume Apollinaire - Pont Mirabeau
Publié le : 14/01/2024
Le Pont Mirabeau de Guillaume Apollinaire chantée par une IA
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
L’amour s’en va comme cette eau courante
L’amour s’en va
Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913
French poetry, sung by an AI.
English version :
Under the Mirabeau Bridge flows the Seine
And our loves
Must I remember them
Joy always came after pain
Let night come let the hours ring
The days go by, I remain
Hands in hands let’s stay face to face
While underneath
The bridge of our arms flows
The weary wave of endless gazes
Let night come let the hours ring
The days go by, I remain
Love goes away like this flowing water
Love goes away
How life is slow
And how Hope is violent
Let night come let the hours ring
The days go by, I remain
Days pass and weeks pass
Neither past time
Nor past loves return
Under the Mirabeau Bridge flows the Seine
Let night come let the hours ring
The days go by, I remain
Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913
Charles Baudelaire - Spleen IV
Publié le : 05/01/2024
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
II nous verse un jour noir plus triste que les nuits;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme rue chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
— Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
When the low, heavy sky weighs like the giant lid
Of a great pot upon the spirit crushed by care,
And from the whole horizon encircling us is shed
A day blacker than night, and thicker with despair:
When Earth becomes a dungeon, where the timid bat
Called Confidence, against the damp and slippery walls
Goes beating his blind wings, goes feebly bumping at
The rotted, mouldy ceiling, and the plaster falls;
When, dark and dropping straight, the long lines of the rain
Like prison-bars outside the window cage us in;
And silently, about the caught and helpless brain,
We feel the spider walk, and test the web, and spin;
Then all the bells at once ring out in furious clang,
Bombarding heaven with howling, horrible to hear,
Like lost and wandering souls, that whine in shrill harangue
Their obstinate complaints to an uniistening ear.
— And a long line of hearses, with neither dirge nor drums.
Begins to cross my soul. Weeping, with steps that lag,
Hope walks in chains; and Anguish, after long wars, becomes
Tyrant at last, and plants on me his inky flag.
La poésie par l'intelligence artificielle...
Charles Baudelaire - Recueillement
Publié le : 02/01/2024
Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici :
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.
Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma Douleur, donne-moi la main ; viens par ici,
Loin d’eux. Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées ;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant ;
Le Soleil moribond s’endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l’Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.
AI Poetry, the poem 'Recueillement' by Charles Baudelaire sung by artificial intelligence in a music video...
Be calm, oh my Sorrow, and be more still.
You asked for the Evening; it descends; here it is:
An obscure atmosphere envelops the city,
Bringing peace to some, and worry to others.
While the vile multitude of mortals,
Under the whip of Pleasure, this merciless executioner,
Goes to harvest remorse in servile festivity,
My Sorrow, give me your hand; come this way,
Away from them. See the deceased Years,
Leaning over the balconies of heaven, in outdated robes;
The smiling Regret rising from the depths of the waters;
The dying Sun falling asleep under an arch,
And, like a long shroud trailing in the East,
Listen, my dear, hear the gentle Night that walks